Une curieuse tradition entourait autrefois l’arrivée des évêques dans la ville de Nice. Lorsqu’ils prenaient leurs fonctions, ils étaient accueillis solennellement à la porte Pairolière, à l’extrémité de la rue qui a aujourd’hui ce nom. Là, est dressé un autel surmonté de l’effigie de sainte Réparate, la patronne de la ville. L’évêque revêtait ses habits sacerdotaux, montait sur un cheval blanc et prenait la direction de la cathédrale abrité sous un dais. Sur le seuil, il recevait des présents en or et en argent et c’était là que se plaçait un épisode déconcertant.
Une coutume autorisait le peuple à s’emparer du cheval blanc de l’évêque, si ses gardes du corps ne parvenaient pas à l’empêcher. Cela se soldait par une mêlée furieuse, mais qui restait bon enfant. Une seule fois, lors de l’arrivée de monseigneur Palletis, en 1631, la situation dégénéra. Les fidèles dépités de n’avoir pu mettre la main sur le cheval, se rabattirent sur le dais et commencèrent à le mettre en pièces. Les soldats durent dégainer leurs épées et il y eut des victimes dans l’affrontement.
Ce même évêque Palletis mourut d’ailleurs, dix-sept ans plus tard, en 1658, dans des circonstances tout aussi mouvementées. Un dimanche, il était en train de célébrer la grand-messe dans la cathédrale lorsqu’une partie de la voûte s’effondra. Il s’ensuivit une panique générale. Monseigneur Palletis s’enfuit avec les autres, mais, gêné par ses lourds habits religieux, il trébucha et fut piétiné par la foule. Lorsqu’on put enfin lui porter secours, il rendit le dernier soupir.