Lorsque, fuyant Paris et ses amours tumultueuses, George Sand s'installe au coeur du Berry, en 1834, elle est aussitôt fascinée par l'étrangeté des lieux. Ombres fantasmagoriques des grands arbres, brumes d'hiver flottant sur le bocage, coutumes locales et sorcellerie nourrissent bientôt son oeuvre foisonnante. D'autant que dans le bois de Chanteloube, à 300 mètres de sa propriété, se trouve une sombre mare dans laquelle est plantée une croix d'e bois. exploitant ce décor inquiétant, la bonne dame de Nohant imagine que des esprits maléfiques ont jeté la croix dans les eaux vaseuses après la noyade d'un enfant. Dans son roman le plus célèbre, la romancière nous dit encore qu'on ne doit pas s'arrêter sur les berges de la mare du Diable sous peine de ne pouvoir sortir du bois avant le jour. Pour en faire le tour sans danger, il convient, recommande-t-elle, de jeter dans l'étang trois pierres de la main gauche tout en faisat un signe de croix de la main droite. Inquiète de l'arrivée du chemin de fer, qui désenclave le Berry et risque de détruire à terme légendes et traditions, George Sand, en véritable anthropologue, s'attache ensuite à consigner expressions locales et croyances du terroir.