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 La petite chèvre

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Joa
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Joa


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MessageSujet: La petite chèvre   La petite chèvre EmptyJeu 7 Fév - 12:38

Il y avait une fois un homme et une femme pauvres comme un furet. Ils avaient sept enfants et pas trop de pain. Un jour en curant l'étable l'homme trouva un denier.
- Qu'allons-nous faire de ce denier ? dirent-ils heureux.
- Il nous faut acheter une petite chèvre, dit la femme : nous vendrons du lait, nous ferons de la cruchade ; nous ne souffrirons plus de faim.
L'homme alla à la foire acheter une chèvre prête à mettre bas, bonne nourrice.
Le soir tous allèrent à sa rencontre.
- Ah ! la jolie petite chèvre, dirent-ils tous en la caressant.
- Qui veut aller garder la chèvre ? dit le père le lendemain.
- Moi, père ! crièrent les enfants.
ce fit l'aîné qui alla garder. Il fit bien pâturer la chèvre ; mais quand il l'enferma le soir la petite chèvre se plaignait :
- Bê, bê, criait-elle, le chevrier d'aujourd'hui ne m'a pas bien gardée ! De trois mesures de lait que j'avais je n'en ai plus qu'une cuillerée !
- Mauvais drôle, je vais te tuer, dit le père irrité.
Effectivement il lui coupa la tête et la jeta dans le puits.
le lendemain le père dit :
- Qui veut aller garder la chèvre ?
- pas moi, père ; vous me feriez comme à mon frère, dirent les enfants.
Le père fit partir le second par force.
- Bê, bê, cria la petite chèvre à l'arrivée ; le chevrier d'aujourd'hui m'a bien mal gardée ! De trois mesures de lait je n'en ai plus qu'une cuillerée !
Et le père coupa la tête au second et la jeta dans le puits.

Ainsi fit-il des sept enfants.

L'homme alors dit à sa femme :
- Tu iras garder la petite chèvre !
Et la femme en peine y alla.
Le soir la chèvre se plaignit comme de coutume. En vain la femme dit que ce n'était pas vrai : l'homme furieux lui coupa la tête et la jeta dans le puits.

Alors il dit au chien :
- Va-t'en garder la patite chèvre !
Le chien la garda, la chèvre se plaignit, et le maître tua la chien qu'il jeta dans le puits.
- A toi, chat, dit le maître, va-t'en garder la chèvre.
Le soir la chèvre se plaignit : l'homme tua le chat et le jeta dans le puits.

L'homme s'en alla garder la chèvre. Au coucher du soleil la chèvre recommença ses plaintes :
- Le chevrier qui m'a gardé ne m'a pas bien fait pacager ; j'avais deux mesures de lait, je n'en ai plus qu'une cuillerée !
- Ah ça ! vilaie chèvre, lui dit l'homme, je pense que tu fais de cela un récit appris !
Il la prend, la mène au puits pour la saigner. A coups de corne la chèvre l'écarta. L'homme au lieu de lui percer le cou lui fit à la jambe une entaille telle que la jambe lui pendait. La chèvre s'échappa ; l'homme désespéré se coupa le cou qui tomba dans le puits.

La petite chèvre s'en alla loin, loin, avec ses trois jambes tant qu'elle put courir. Elle se construisit un château avec des déjections, y mis bas. Elle eut deux jolies petites chèvres. Quand elles eurent grandi leur mère leur dit :
- Je m'en vais à Sainte-Angette me faire arranger mon petit pied et ma petire jambe ; soyez sages ; quand vous aurez faim vous mangerez du fromageon, fillettes. Si le loup vient par là, n'ouvrez pas au moins : il vous mangerait !
- Non, petite mère, lui dirent les chevrettes.
La chèvre s'en alla. A travers les bois elle trouva le renard.
- Où vas-tu, petuite chèvre ? lui dit le renard.
- Je m'en vais à Sainte-Angette me faire arranger mon petit pied et ma petite jambe.
- Et les chevrettes ? lui dit le renard.

- Je les ai enfermées dedans, dit-elle ; elles ont du fromageon pour se nourrir.
Et la chèvre s'en alla.

Le renard trompeur et gourmand s'en va frapper au château des crottes de chèvre.
- Pan, pan, fit-il à la porte.
- Qui est là ? dirent les chevrettes. Ouvrez, fillettes, dit l'autre d'une voix doucereuse et fine ; je viens de Sainte-Angette pour faire arranger mon petit pied et ma petite jambe.
- Voilà petite mère ! crièrent les chevrettes.
Et elles ouvrirent.

Quand elles virent que c'était le renard, elles se cachèrent derrière le lit. Le renard leur prit le fromageon et alla le manger sur un surier. Sous ce surier passa le loup qui flaira le fromageon. Le renard en laissa tomber à terre, un petit morceau que le loup mort de faim mangea en croyant que c'était des déjections.
- Ah ! la bonne crotte, dit le loup.
Et le renard alors de rire sur le surier. Il en laissa tomber un autre morceau. Alors le loup vit le renard.
- Je n'ai jamais mangé d'aussi bonnes déjections, lui dit-il.
- Imbécile, lui dit l'autre, tu ne vois donc pas que c'est du fromageon !
- Où l'as-tu trouvé ? lui dit le loup.
- Va-t-en à ce château de crottins, lui répondit le renard ; il y a dedans deux chevrettes : tu frapperas et tu leur diras d'une voix fine et doucereuse : "Ouvrez, ouvrez, fillettes ; je reviens de l'Angette faire arranger mon petit pied et ma petite jambe."
Le loup y va. Il frappa à la porte à tout briser. Les chevrettes effrayées se groupèrent sous le lit sans oser prononcer un mot.
- Ouvrez, ouvrez ! cria alors le loup de sa grosse voix de bourreau ; fillettes, je viens de l'Angette faire arranger mon petit pied et ma petite jambe.
- C'est le loup, dirent bien doucement les chevrettes tremblantes ; il ne faut pas ouvrir. Montrez-nous la patte ! lui crièrent-elles.
Le loup passa la patte sous la porte ; les chevrettes le connurent et n'ouvrirent pas.

Le loup confus s'en alla trouver le renard.

- Tu as la voix trop grosse, lui dit le renard ; je vais te passer la patte dans la gorge avec les griffes, je t'arrangerai comme il faut.
Le loup se laissa faire : l'autre lui déchira tout le gosier, et le loup revint aux chevrettes enroué.
La chèvre était rentré pendant ce temps.
- Ouvrez, ouvrez, fillettes, leur dit-elle ; je viens de Sainte-Angette pour faire arranger mon petit pied et ma petite jambe.
Alors les chevrettes ouvrirent et racontèresnt à petite mère l'affaire du renard et du loup.
- Je vais arranger le cuvier de la lessive, dit la mère ; par-dessous je laisserai un trou où entrera le loup ; et quand il y sera entré, nous l'y enfermerons et nous l'échauderons.
La chèvre fit ainsi et s'en alla à la fontaine chercher de l'eau pour échauder le loup.
Le loup arriva comme la chèvre venait de sortir. Il frappa à la porte.
- Qui est-ce ? demandèrent les chevrettes.
- Ouvrez, ouvrez, fillettes, dit le loup d'une voix enrouée.
Les chevrettes ouvrirent. Et le loup se mit à humer l'air, à désirer quelque chose, et à dire :
- Où est donc le fromageon ? J'en voudrais tant quelque peu !
- Là sous le cuvier, lui direntn les chevrettes.

Le loup goulu entra là, et les chevrettes immédiatement l'y enfermèrent. La mère arriva, fit bouillir l'eau, échauda le loup à discrétion, démolit le château de crottes, et s'en alla avec ses chevrettes bien loin brouter sur la lande.
Et le loup de hurler toujours là-dessous. Le renard l'entendit, vint, et l'en tira bouillant.
- Tiens, lui dit le renard, tu vois là-bas ces travailleuses de chanvre ; va-t-en vers elles comme enragé ; ainsi tu les feras fuir et alors couvre-toi le corps de la filasse et de la partie ligneuse du chanvre. Il n'y a rien de plus doux pour les brûlures.
Ainsi fit le pauvre loup ; mais ce bois aigu sur les plaies le piquait tellement qu'il ne pouvait plus y tenir.
- Très bon signe, lui disait le renard ; c'est le remède qui fait effet pour guérir plus vite ; le meilleur serait feu contre feu ; nous allons tous les deux faire un feu de cette haie de buissons et sauter par-dessus ; la filasse que tu as dessus en se brûlant emportera tout le feu de tes brûlures, pourvu que tu sautes beaucoup ; tu vas voir comme tu seras vite guéri.
ils allumèrent la haie et aussitôt la filasse sur le pauvre loup ne fut qu'une flamme. Plus il sautait au feu de la haie plus il brûlait. Le renard ne sauta pas du tout.

- Loup, lui dit-il, tu n'as pas assez sauté ; vite, vite va te jeter dans cette fondrièren si tu ne veux pas mourir brûlé. Ah ! comme je te plains, pauvre loup !
Le loup se jeta très vite dans la fondrière, de confiance, sans regarder, et il alla au fond où il y avait tant d'eau qu'il faillit s'y noyer.
Quand le renard vit le loup se tirer de la fondrière, il s'en alla à toutes jambes vers son terrier. Le loup irrité se met après le renard qui se terra à peine comme le loup allait le saisir. Le pauvre loup dans sa colère engage sa tête et les pattes de devant dans le terrier et mord par-dessous terre ce qu'il croyait être la queue du renard : ce n'était qu'une racine. Plus il mordait plus le renard s'en moquait.

Pendant que le loup s'irritait là en croyant tirer vengeance du renard, les travailleuses de chanvre arrivèrent avec des hommes et des fourches, et le trouvèrent en posture le dos bien à découvert sur le bord de la renardière, la tête en dedans. Là ils lui cassèrent les reins et ils l'achevèrent pendant qu'il tenait avec ses dents la racine qu'il croyait être le renard.

Léopold Dardy, Contes, récits et légendes des pays de France
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La petite chèvre
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