Située au coeur de la Beauce, grenier de la France depuis toujours, la ville de Châteaudun avait jusqu'au XIXe siècle une importance sans commune mesure avec celle d'aujourd'hui. Ses foires au blé qui attiraient les négociants de tout le pays, y faisaient, entre autres, la fortune de la corporation des portefaix. Celle-ci était organisée de manière rigoureuse. Seuls les possesseurs, de plaque pouvaient décharger et transporter les sacs de céréales, pour les cultivateurs, les meuniers et les marchands de grains. Il en coûtait à ceux-ci deux sous par sac de blé et trois sous pour deux sacs d'avoine. Pour être portefaix, il fallait avoir hérité de la plaque ou en avoir racheté une, au prix de 800 à 900 francs-or, à la fin du XIXe siècle. L'entrée en fonction donnait lieu à une cérémonie, au cours de laquelle le nouveau portefaix était arrosé d'un litre de vin. Il se voyait, en outre, attribuer un surnom, par lequel il était désigné par la suite. Et les surnoms de manquaient pas de pittoresque : Marche-à-regret, Bas-la-soupe, Cul-de-casse, Baigne-dans-le-beurre, Jambes-d'acier, Riche-en-gueule, Magenta, Boudin-et-andouille, Bottes-molles. C'est l'arrivée du chemin de fer, en particulier la construction de la voie ferrée Orléans-Le Mans, qui a porté un coup fatal à la foire de Châteaudun, entraînant du même coup la disparition des portefais.
* pour mémoire, cent sous équivalaient à 5 francs anciens, donc 5 centimes de francs lourds, donc : 0.007622451 euros