Les érudits n'ont jamais pu établir quel saint avait donné son nom à la célèbre station balnéaire de Saint-Tropez. Pour les uns, il s'agit de Torpès, martyr sous Néron, mais d'autres penchent pour un saint Trovato, dont on ne sait pratiquement rien.
Toujours est-il qu'après uen relative prospérité à l'époque romaine sous le nom d'Heraclea, la cité était tombée dans un abandon presque total. A tel point qu'en 1470, Jean Cosse, grand sénéchal de René d'Anjou, comte de Provence, décida d'installer soixante familles génoises pour repeupler les lieux. Malgré cela, ce petit port de pêcheurs replié sur lui-même continua de végéter pendant des siècles. Les habitants avaient aussi une certaine réputation de rudesse, pour ne pas dire plus. Chaque année, ils célébraient à leur manière la fête du saint de leur cité. Après avoir entendu la messe, ils défilaient, fifres et tambourins en tête, devant le buste de saint Tropez, qu'ils embrassaient et près duquel ils déchargeaient leurs fusils. Suivaient cinq jours de réjouissances, pendant lesquels on ne cessait de tirer des coups de feu. Les Tropéziens dépensaient, dit-on, une tonne de poudre à cette occasion.
Tout changea au XXe siècle. Durant les années 1920, des artistes découvrirent le site et le rendirent du jour au lendemain célèbre. On vit se côtoyer sur les quais du port Colette, Paul Géraldy, Victor Margueritte, Dufy, Matisse, Signac ou encore le couturier Paul Poiret. Mais c'est Brigitte Bardot qui devait donner, quarante ans plus tard, sa renommée internationale à Saint-Tropez.