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 Les fées de la dune de Boumbét

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Les fées de la dune de Boumbét   Les fées de la dune de Boumbét EmptyMer 16 Aoû - 22:52

Il y avait une fois un berger de Taoulade qui logeait ses moutons dans une borde, à Boumbét où se trouve la Grande-Lande. La borde de Boumbét n'existe plus aukourd'hui : elle était située au nord des tertres, près d'une sorte de pelouse.
Ce berger était un garçon un peu fier, et qui savait même un peu lire.
- Tu ne peux pas fréquenter ceux qui te valent, ni leur parler, lui disaient les autres bergers, mais pourtant tu auras toujours autant de tiques !

Mais il laissait dire et n'en faisait qu'à sa tête.
Vous savez que l'on contait, autrefois, qu'on entendait du bruit sous la dune de Boumbét. Et le berger, tout en surveillant son troupeau, en avait plus d'une fois fait l'expérience ; parfois on entendait gri-gri-gri, comme si l'on avait remué de la vaisselle ; d'autres fois il entendait comme de grands éclats de rire, ou comme le bruit de pas de gens qui se seraient promenés sur l'alios : plim-plam, plim-plam... Et il pensait souvent, avec un peu de crainte pourtant : "Je voudrais bien voir le nid de ces bourdons-là..." On était bientôt au milieu de l'été ; on lâchait les moutons pendant la nuit.
Un soir, le berger arriva à la borde, et une fois le troupeau dehors, il alla s'asseoir au sommet de la dune. Là, il tira un livre de son sac et commença à lire. Et il lisait, et il lisait toujours... Par moments, il jetait un coup d'oeil aux astres.
Au bout d'un moment, vers minuit, la dune s'ouvrit par le milieu juste devant lui. Et il entendit une voix de femme qui disait : "Petite, va voir ce qui se passe sur la dune." Une petite fille monta.
- Mère, dit-elle, je vois un berger assis sur une touffe de bruyère.
- Dis-lui de descendre, ici, reprit la voix, et qu'il n'ait pas peur que son troupeau s'en trouve mal.
La fillette remonta.
- Pâtre, dit-elle, il faut que vous veniez chez nous. Et n'ayez pas d'inquiétudes pour vos bêtes.
"On ne meurt qu'une fois, songea-t-il, et je veux voir cela !"
Et il descendit. Aussitôt qu'il fut entré, la dune se referma derrière lui. Trr ! tout cela l'intriguait fort, et il regardait souvent vers le haut.
- Suivez-moi, dit la fillette, personne ne vous fera de mal.
Le berger arriva dans la salle d'un logis si beau qu'il n'avait jamais vu le pareil ; ici c'étaient des miroirs, là de la vaisselle et des vases, de beaux meubles d'un côté, des meubles encore plus beaux de l'autre : l'homme en était ébloui. Tout était net, tout brillait comme l'eau claire au soleil.
Dans un miroir, le garçon vit une lande profonde, où des bergers erraient, montés sur leurs échasses, derrière les troupeaux ; il voyait tout ceci comme s'il avait été terre.
Puis il aperçut un groupe de femmes qui riaient en face de lui, si belles et gracieuses que c'était un plaisir de les voir. Il y en avait une, toute jeune, qui portait sur ses cheveux une couronne tressée de bruyère et d'ajoncs fleuris.

- Pâtre, dit-elle, assieds-toi. Tu as ici ce qu'il faut pour te restaurer et te reposer. Ne te soucie pas de tes brebis : elles n'ont pas besoin de toi pour se garder.
Et les fées lui servirent une splendide collation, avec une profusion de mets exquis auxquels il n'avait jamais goûté.
"Oh ! pensa-t-il, si jamais je me suis bien rassasié dans ma vie, ce sera bien cetts fois-ci..."
Quand il eut bien mangé, les fées le conduisirent à un lit si beau qu'il n'osait pas s'y coucher.
"Ce n'est pas le grabat de la borde, se dit-il, et je n'y ramasserai pas de tiques !"
Et il s'endormit. Quand il s'éveilla, il se remit à lire, et à lire encore dans son livre, jusqu'à ce qu'il eût fait rouvrir la dune. Et il s'en alla.
Son troupeau était à l'endroit où il l'avait laissé, bien rassasié et au complet.
Et, pardi ! à partir du jour où il connut ce chemin, il prit vite l'habitude d'y passer. Il y avait là-dedans une fée toute jeune , et jolie, jolie comme un miroir. Si bien qu'ils se prirent d'amitié l'un pour l'autre. Dès lors, les autres bergers ne le revirent plus guère à la surface de la lande. "Où te caches-tu donc ? lui disaient-ils. Nous te perdons pendant des jours entiers !" Mais ils pouvaient parler : ils en étaient pour leur frais. Il gardait encore un peu ses moutons, mieux vêtu que tous les autres, et les poches pleines d'argent. Et son troupeau prospérait plus qu'aucun autre : jamais ses brebis ne se mêlaient à d'autres, qu'il fût présent ou non ; si elles rencontraient d'autres troupeaux, elles se détournaient d'elles-mêmes, ou bien elles les traversaient sans faire de mélange. Tout ceci donnait fort à jaser ; il y eut deux bergers, plus perspicaces que les autres, qui voulurent savoir ce qu'il en était, et qui l'épièrent. Un soir, ils le virent se glisser vers la dune de Boumbét ; il avait beau se baisser, se dissimuler entre les buissons, les autres le suivaient de loin, d'une borde à l'autre ; ils arrivèrent juste à temps pour le voir s'engouffrer dans la dune. C'en était assez pour que le lendemain, avant le lever du soleil, bergers, chevriers et vachers poussassent les hauts cris de Cantegrit à Labouheyre.
Mais quand le berger voulut revenir au logis des fées, la dune ne bougea pas plus qu'une souche ; elle resta comme elle était auparavant et telle qu'elle est toujours demeurée, un tertre sablonneux, parsemé de buyère et de serpolet, avec un chemin tout blanc. Et lui, il eut beau lire et marmonner des imprécations, et verser toutes les larmes qu'il voulut, il n'y rentra plus jamais. Pauvre il avait été, et pauvre il redevint. Malgré tout, il ne voulut jamais quitter cette garde (en gascon : ouarde, lieu où l'on garde les troupeaux), pour si misérable qu'il y fût. Ainsi passa sa vie le berger de Boumbét, loin des hommes et de tous, sans jamais se marier ; il ne fréquentait personne, n'avait d'autre lit ni d'autre foyer que ceux de la maisonnette de la borde. On le voyait la nuit, au clair de la lune, disait-on, errer sur le monticule et frapper le sol de son bâton d'échassier, comme qui veut se faire ouvrir une porte.

Félix Arnaudin, Contes, récits et légendes des pays de France
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