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 Et la reine riait

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Joa
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Joa


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Et la reine riait Empty
MessageSujet: Et la reine riait   Et la reine riait EmptyLun 18 Sep - 12:05

En d'autres temps, la fille du roi était malade, et personne ne pouvait la guérir. Médecins, devins et sorciers s'agitaient désespérément, et c'était toujours en vain. Il n'y avait pas de remède pour la jeune fille. Dépérissant tous les jours davantage, sans un rire jamais, toujours sombre, elle allait, s'étiolant, droit vers la tombe.
Et voici que, ne sachant plus à quoi recourir, le roi fit publier qu'il donnerait la main de sa fille à qui lui arracherait un rire...
Dans une misérable chaumière vivaient trois frères. Ils connurent la promesse du roi et se dirent par-devers eux-mêmes qu'il leur fallait bien voir si, de quelque façon, ils n'arracheraient pas un sourire à la malade.

L'aîné donc prend avec lui un panier rempli de pommes toutes rouges, et le voilà parti. Tandis qu'il chemine ainsi, dans un trou à sorciers, et tombée là-dedans, il voit une vieille femme - une sorcière - qui ne réussissait pas à sortir de là. La vieille se met donc à crier, pour lui demander secours. Mais le jeune homme ne lui accorde pas un regard de plus et passe son chemin. Il pénètre dans le palais du roi ; on l'amène devant la malade. La malade regarde les jolies pommes, et, tout de suite, les écarte de ses deux mains, continuant elle-même à demeurer plus sombre que jamais.
Le second frère prend des fleurs très jolies et les emporte au palais. Dans le même trou à sorciers, il voit lui aussi la vieille. Mais il ne lui accorde pas plus d'attention que son aîné, et il continue son chemin. Parvenu au palais, il offre ses jolies fleurs à la malade. Mais la jeune reine les écarte immédiatement avec ses mains, sans même les regarder si peu que ce fût.
Le plus jeune des frères s'en fut alors, sans rien emporter avec lui. Il vit la vieille qui, de son trou de sorciers, réclamait du secours, et, tout de suite, il l'en tira.
Tout à sa joie, la sorcière lui dit alors :
- Quelle récompense puis-je vous donner en retour ? Voulez-vous faire fortune ?
- Si je veux faire fortune ? Mais c'est précisément pour cela que j'ai quitté la maison, me proposant bien de faire rire la fille du roi, afin de l'épouser ensuite.
- Tenez donc cet agneau noir. Prenez-le avec vous et gardez-le toujours. Pour rien au monde, jamais, vous ne le lâcherais d'entre vos bras.

Le jeune homme part avec son agneau dans les bras, et, le soir, il arrive dans une des auberges de la capitale. Il demande un lit pour passer la nuit. Mais, on lui répond qu'ils n'ont pas de place du tout et qu'il faut aller chez M. le curé ; la, il trouverait tout ce qu'il lui faudrait. Du même pas il se rend donc chez le curé, et, ainsi qu'on le lui avait dit, la gouvernante du curé l'accueille fort bien. Ils ont tout ce qu'il faut de litière et de fourrage : ils remiseront donc l'agneau dans l'étable, et ils lui donneront à lui-même une chambre. Mais il s'y refusa, disant qu'il veut l'agneau avec lui. Le bon prêtre s'étonne, mais notre homme n'en démord pas. En fin de compte et croyant avoir affaire à un insensé, ils consentent à tout, et ils gagnent leurs chambres respectives, le jeune homme serrant toujours l'agneau dans ses bras.

Cependant, vers le matin, M. le curé ne tenait plus dans sa peau, brûlant de savoir quelque chose de l'agneau mystérieux. Il commence à regarder par le trou de la serrure ; mais il n'arrivait à rien voir du tout. Tout doucement, sans le moindre bruit, il entre alors dans la chambre. Le jeune gars dormait profondément, avec toujours son agneau dans les bras. Le curé saisit l'agneau par une de ses oreilles. La bête se met à bêler, le jeune homme se réveille, le prêtre prend peur et se dispose à fuir... Ah ! bien, oui !... Il lui est absolument impossible de lâcher l'oreille de l'agneau !...
Alors il se met à crier, à hurler : "Au secours ! au secours !" Réveillée à ses cris, voici venir la gouvernante, les cheveux absolument en désordre, avec une déchirure énorme, au beau milieu de la guenille qu'elle a précipitamment revêtue. Pour venir en aide à son maître, elle saisit l'agneau par l'autre oreille, et elle ne parvient plus à le lâcher. Le gars tirant l'agneau, le curé et la gouvernante tirant aussi le même agneau, pêle-mêle, ils s'en vont dehors tous les trois...
En passant dans le jardin, honteuse d'elle-même, la gouvernante saisit une énorme feuille de chou qu'elle s'applique derrière, afin de couvrir la déchirure de ses vêtements. Et ils s'en vont en trombe, par-delà le village, dans la direction du palais.
Et voilà que, avisant le chou et le convoitant, arrivent trois énormes chèvres qui étaient là sur le bord de la route. A peine ont-elles touché à la feuille de chou, qu'elles lui demeurent accrochées. Puis les voilà qui courent furieusement, avec la gouvernante, le prêtre, l'agneau et le jeune homme.
Plus loin, le boulanger se trouvait être levé déjà et musait là, devant sa porte. Ils lui crièrent : "Venez, de grâce, et séparez-nous !" Le boulanger va vers eux, et le voilà accroché à son tour.
Ils voient un forgeron qui travaillait dans son atelier, et, dans un hurlement, ils lui demandent son aide : "Vous êtes un homme robuste, venez donc nous séparer !" Le forgeron court à eux, et demeure lui aussi accroché.

Un peu plus loin, leur balai à la main, deux femmes étaient là qui bavardaient sur le pas de la porte. A peine ont-elles vu toute cette cavalerie qui s'en vient en trombe, que les deux vieilles mégères se prennent à s'esclaffer. La gouvernante les interpelle : "Au lieu de rire de la sorte, vous feriez mieux de venir nous séparer ! - Vous séparer ?... Voilà, voilà !" Et, avec leurs balais, elles se mettent à cogner dans la longue chaîne de gens et d'animaux... Ah ! oui ! Les balais, tout de suite, s'accrochent au premier coup, et les femmes ensuite à leurs balais.
A un tournant de la route, un aveugle s'en allait qui suivait un chien auquel il était attaché. Losque la ronde furieuse vint à la frôler, le chien commença d'aboyer et d'aboyer, mordant après les mégères. Il est immédiatement accroché lui aussi, et avec lui ensuite... l'aveugle.
Et tous, ils passent dans un tourbillon qui va se rapprochant du palais royal.

Déjà levée parce qu'elle ne pouvait dormir, triste comme jamais, la pauvre princesse était là, à demi couchée près d'une grande fenêtre.
Quand elle eut vu venir, attachés l'un à l'autre dans la ronde impayable... le jeune homme, l'agneau, le prêtre, la gouvernante, la feuille de chou, les chèvres, le boulanger, le forgeron, les deux femmes, le chien, l'aveugle..., la pauvre princesse se mit à rire éperdument. Et elle ne s'arrêtait pas de rire ; elle ne le pouvait plus, s'esclaffant toujours comme une insensée...
Le roi s'en vint précipitamment, transporté de joie d'abord, parce qu'il voyait sa fille rire ainsi pour la première fois depuis longtemps. Mais ensuite, il eut peur et craignit qu'elle ne pût désormais s'arrêter de rire. Bien vite, il fut dans une grande colère contre ces gens qui se trémoussaient toujours devant le palais et affolaient ainsi sa pauvre fille. Il donna l'ordre qu'on les tuât tous. Et déjà les soldats couraient, un poignard dans la main...
Tout à coup, le jeune homme s'arrête brusquement. Et tous ceux qui s'en venaient derrière lui en courant tombèrent les uns sur les autres et se cognèrent. Mais, dès lors, ils étaient détachés les uns des autres. Alors, dans un grand cri, le jeune homme dit à la fille du roi : "Assez comme cela !"... De son côté l'agneau se mettait à bêler, et le rire insensé de la jeune reine s'éteignit aussitôt. Guérie à tout jamais, elle était devenue on ne peut plus charmante...
Ainsi que l'avait promis le roi, avant le mois passé, la reine mariait avec le jeune gars...
Et ils comptèrent de nombreux enfants.

Jean Barbier, Contes, récits et légendes des Pays de France
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