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 Louis Bernard

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Joa
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Joa


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Louis Bernard Empty
MessageSujet: Louis Bernard   Louis Bernard EmptySam 21 Juil - 10:59

C'était dans l'ancien temps, où il n'y avait point guère de soldats, sans doute, Louis Bernard était seul de frère et il avait été très longtemps à l'armée, très longtemps sans revenir, la guerre ne finissait pas. Son père aussi sa mère vinrent à mourir ; et lui ne reconnaissait plus même son pays. Jamais il n'avit reçu de lettre de ses parents. Enfin, quand il a été délivré des guerres, il dit : "Faut ben tout de même que je tâche de me rendre du côté de chez moi !" Et il revient, en suivant sa guise, en passant d'un endroit dans l'autre, à peu près dans ses cantons. Il arrive dans un bourg, à l'auberge, et il demande si on ne connaissait pas des Bernard.

- Ah, mon bon ami, des Bernard ! Ils sont tous morts ! Il n'y en a plus qu'un qui reste dans un tel endroit, et qu'on appelle Louis Bernard, et il n'a point d'enfant.
- Hé bien ! qu'il dit, je voudrais bien le voir !
Il arrive chez lui et il frappe au marteau de sa porte : c'est Louis Bernard lui-même qui lui ouvre la porte.
- C'est-i que vous êtes Louis Bernard ?
Qu'il dit :
- Oui, monsieur !
Qu'il dit :
- Vous êtes mon parrain !
- Ah ! qu'il dit, est-ce vrai, mon enfant ?
Et il le reconnut.
- Ah ben ! qu'il dit, tu vas être mon héritier ! Je n'ai plus d'enfants ; ton père et ta mère sont morts. Et comment as-tu fait pour venir me trouver ?
- Ah ! qu'il dit, mon parrain, j'étais bien en peine !
Et il dit :
- Hé bien ! Tu vas rester avec nous. Tu seras comme mon enfant.
- Aj ! je veux ben, mon parrain.
Et il a resté quelque temps. Il s'ennuyait.
- Allons, eh bien ! qu'il dit, mon fils, qu'as-tu donc pour t'ennuyer ? Tu ne manques de rien !
- Eh ! qu'il dit, mon parrain, voyez-vous, moi, jesuis tenté de commercer, de faire un peu de commerce !
- Et quel commerce veux-tu faire ?
- Mon parrain, je voudrais me mettre marchand de cochons.
- Hé bien, qu'il dit, je vais te donner de l'argent ! A quelle foire veux-tu aller ?
- Je vais à la foire de Bernendouille.
- Hé ben, qu'il dit, vas-y !
Il amène une touche de cocho,s, de jolis nôrins. Et il leur donnait à manger des pommes de terre, du grain,enfin de tout.

Son parrain lui dit :
- Mon enfnt, tu vas me ruiner. Tes cochons nous font trop de dépenses ; à présent, il n'y a pas moyen de gagner dessus.
- Hé ben, qu'il dit, mon parrain, on va les vendre.
- Où veux-tu les mener ?
- Je vas les mener à la foire de Vache-t'en-fuie.
- Ah ben oui, mais pour aller à cette foire, c'est un mauvais chemin ; il faut que tu tranches la forêt et il y a une bande de brigands dedans, ils te voleront ou bien ils ne pourront pas.
Effectivement, quand il a été au milieu de la forêt, il a trouvé deux individus là, deux barbes rouges, deux cheveux rouges, des mauvais gars. Ils lui dirent :
- Où allez-vous ? Où menez-vous vos cochons ?
Il dit :
- Monsieur, je les mène à la foire de Vache-t'en-fuie.
- Hé bien, qu'ils dirent, nous les achèterons bien, nous ; il faut les mener au logis. (Il y avait une espèce de fort là) ; notre capitaine les achètera.
- Hé bien, je veux bien, que dit Louis Bernard.
Et, étant rendu là, c'était comme nuit, on a mis les cochons à l'écurie, le capitaine l'a fait souper avec lui et l'a fait coucher, en lui disant :
- Je ne vous baillerai point d'argent aujourd'hui, mais je vous l'enverrai par mes domestiques. D'ici sept à huit jours vous aurez votre argent.
Et cet argent ne vint point. Son parrain lui dit :
- Tu n'auras rien mon fils, ils t'ont volé.
- Mon parrain, il ne faut jamais se désoler.
Et Louis Bernard étant gentil homme, se fait bien raser, se fait coiffer par un coiffeur en joli demoiselle. Il prend un mpetit, panier sous son bras et le voilà parti par son même chemin. Il arrive chez le capitaine, encore à la nuit tombante, faisant semblant d'être écarté. Et il demanda l'hospitalité ; on lui dit :
- Ah, mademoiselle, ah ! il y a très moyen de coucher ; vous pouvez être tranquille ! Vous serez bien couchée.
Le capitaine, la voyant si bien arrangée, l'a fait monter dans sa chambre. Il dit :
- Vous allez souper avec moi !
Et puis voilà, il lui a proposé de coucher avec lui prce qu'il croyait ben que c'était une dmoiselle.
Louis Bernard a dit :
- Oui, mais il faut bien barrer votre porte, bien l fermer, pour n'entendre pas de bruit et que les domestiques ne viennent pas nous déranger.

Quand ils ont été pour se coucher, va te promener, il dit :
- Vous croyez que c'est une demoiselle, eh ben non ! C'est le marchand de cochons ! Vous ne m'avez pas payé ; il faut que vous me payiez !
Comme il lui disait qu'il ne le paierait pas, Louis Bernard prend un bâton et bat le capitaine à) plate couture ; il le ruine, le massacre, le met tout en sang. Le capitaine donnait des braillées (poussait des cris) !
Les domestiques l'entendaient bien, mais ils croyaient que c'était qu'il forçait la demoiselle.
- C'est pas cinq cents francs, que dit Louis Bernard, qu'il me faut maintenant, c'est dix mille.
Enfin, il laissa le capitaine dans son lit, tout saignant, tout en compote.
- Et si je ne reçois pas mon argent d'ici dix jours, vous aurez affaire à moi !
Les dix jours expirés, pas d'argent. Son parrain lui dit :
- Tu vois bien, mon enfant, ce qui en est.
- Ah ! qu'il dit, ne nous désolons pas !
Louis Bernard s'habille en vieille, tout à fait en vieille, vieille, vieille ; prend un pnier sous son bras, un mauvais panier, et s'en va dans cette forêt, auprès d'une espèce de vieux mur. Tout d'un coup, il aperçoit deux gars qui venaient, il se met à ramasser des herbes, toutes sortes de plantes, qu'elle mettait dans son panier. Ils lui dirent :
- Mais, ma bonne vieille, que faites-vous là ?
- Ah ! monsieur, je ramasse des herbes pour guérir les coupures, les morsures ; et si on avait été battu, que ce serait emporté, c'est pour aire guérir.
- Ah ! vous feriez bien de venir guérir notre capitaine, donc, qui est tout en compote.
- Ah ! qu'il dit, hé bien, je vais y aller ; je le ferai bien guérir.
Il s'en va avec eux. Ils content ça au capitaine.
- Hé bien ! Faites-la monter la bonne femme ici !
Il lui dit :
- Hé bien ! qu'est-ce qu'il faut faire ?
- Ah ! mon capitaine, je vous ferai bien guérir ; j'en ai bien guéri d'autres ; mais il faut qu vos domestiques aillent chercher de la mousse, en un tel endroit, pour vous faire un lit ; vous serez bien mieux que sur votre lit de plume.

Les domestiques prirent chacun un sac et s'en allèrent chercher de la mousse.
Quand ils ont été partis, Louis Bernard dit au capitaine :
- Tiens ! qu'il dit, tu vois bien que je ne suis pas une bonne vieille femme ; je uis le marchand de cochons. Il faut que tu me paies tout de suite.
Ah ! le capitaine se mit à brailler, à appeler, mais il n'y avait personne pour l'entendre.
- Allos ! Et ce n'est plus dix mille francs qu'il me faut ; c'est la charge de deux mulets, et si tu ne me l'envoies pas d'ici cinq jours, je te finis.
- Hé bien ! qu'il dit, ne me faites pas d'autre mal, vous aurez votre arget d'ici cinq jours.
Louis Bernard s'en retourne, après l'avoir bien battu, bien entendu.
Son parrain lui dit :
- Hé bien, l'as-tu apporté aujourd'hui ?
- Oh ! qu'il dit, je ne l'ai pas apporté ; mais nous l'aurons d'ici cinq jours.
- Bah ! Il fera comme l'autre fois.
Les cinq jours expiraient. Sur la soirée, Louis Bernard regardait par la croisée ; il vit mes deux gars qui amenaient deux mulets ; c'étaient les deux barbes rouges.
- Ah ! qu'il dit, mon parrain, les voilà !
Et, tout de suite, il va ouvrir les portes de la cour ; ils ont fait rentrer les deux mulets. Comme c'était nuit, Louis Bernard leur dit, après avoir déchargé l'argent :
- Vous ne pouvez point vous en retourner ce soir ; il faut mettre vos mulets à l'écurie, vous souperez ave nous autres, et puis vous coucherez.
Et on avait fait un bonhomme de paille - c'était une grande cheminée, comme il y en avait autrefois - et on avait pendu ce bonhomme dans la cheminée. Et puis eux étaient dans le coin du feu à se chauffer. En se chauffant, il y en a un qui regarde en l'air.
- Hé ! qu'il dit, pourquoi donc qu'on a mis ce gaillard-là dans la cheminée ?
- Ah ! dit le domestique, c'est qu'il a chié au lit. Faites attention, vous autres, de n'y chier pas, parce qu'on vous pendrait la même chose.
Et ils se sont couchés. Louis Bernard, quand ils ont été endormis, leur a coulé d la vieille buillie, toute noire, sous les fesses. Le lendemain matin, Louis Bernard se lève :
- Hé bien, qu'il dit, mes gars, avez-vous été bien sages, cette nuit ?
- Oh monseur ernard, nous n'avon point chié au lit.
- Ah ! qu'il dit, vieux salaud t'en as plein les fesses ! et toi aussi ! Allons, allons ! Arrachez-vous de là et vite !
Voilà les gars qui veulent prendre leurs pantalons ; Louis Bernard appelle le domestique qui arrive avec un fouet, et fouette et fouette. Les autres sortent, en chemise, dans la cour ; va te promener, les barrières éaient fermées ; pas moyen de sortir ; et toujours Louis Bernard et son domestique les couraient à coups de fouet. Enfin, il y en a un, à force de saboter (secouer) la barrière, qui a cassé une latte ; il est passé par là, l'autre aussi ; mais, en passant, ils se sont à moitié emporté la peau, ils en ont laissé deslanières !
Et puis, ils s'en sont allés voir leur capitaine, et ils étaient tous assi bien arrangés les uns que les autres.

Léon Pineau, Contes, récits et légendes des pays de France
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