Peter Wells, un Américain de vingt-deux ans passionné de vitesse, a un beau jour l’idée de doter sa vieille Chevrolet d’une fusée à combustible solide, une de celles dont se servent les militaires pour faire décoller leurs jets sur des terrains d’aviation trop courts. Mais ce n’est qu’en expertisant les débris de la voiture, incrustés dans une falaise, que la police scientifique est parvenue à reconstituer l’histoire. Une fois la charge mise à feu, le bolide a rapidement atteint la vitesse de 800 kilomètres-heure. Wells, qui a dû éprouver une force gravitationnelle équivalente à celles qu’endurent les pilotes de chasse, a écrasé les freins jusqu’à les faire fondre, vraisemblablement dans le but d’abréger l’expérience, la jugeant d’ores et déjà concluante. Des traces de roussi et de caoutchouc laissées sur la route en attestent. La guimbarde, transformée en fusée incontrôlable, a ensuite franchi 4 kilomètres en ligne droite en une poignée de secondes avant de s’élever dans les airs, de franchir une distance supplémentaire d’un kilomètre, et d’aller percuter de plein fouet une falaise, à la hauteur de 40 mètres. Dans le cratère noirci, la police a retrouvé des fragments d’os, de dents et de cheveux, ainsi qu’un morceau du volant. Ainsi, en sacrifiant héroïquement sa vie, Peter Wells a démontré avec succès la pensée d’Einstein selon laquelle « seules deux choses sont infinies : l’univers et la bêtise humaine ». Et le savant ajoutait : « Et encore, je ne suis pas sûr pour l’univers ! »