Abuser au nom de Dieu des paroissiens naïfs est une pratique qui ne date pas d'hier. Ainsi dans la seconde moitié du XVII siècle, pour renflouer leurs caisses et améliorer l'ordinaire, les carmes d'Orléans avaient-ils imaginé un stratagème qui combinait escroquerie et canular : une agence matrimoniale de l'Au-delà. Le principe consistait à établir des contrats de mariage en bonne et due forme entre Jésus et les riches demoiselles pieuses de la région. Ces étranges documents se présentaient sous la forme suivante : "Je, Jésus, fils de Dieu, vivant époux des âmes fidèles, prends ma fille... pour mon épouse et lui prromets fidélité. Pour avantages, ma grâce en cette vie, lui, promettant une gloir'e dans l'utre. En foi de quoi j'ai signé le contrat irrévocable de la main de mon secrétaire." La nouvelle "épouse du Christ" signait de son côté un contrat complémentaire qui l'obligeait à verser une dot souvent conséquente au profit de l'"indigne secrtaire", mandatairede Jésus et de "toute la cour céleste".
Ces transactions connurent un grand succès. ironie de l'histoire : les carmes qui se livraient à ces épousailles sonnantes et trébuchants étaient dits déchaussés, c'est-à-dire adeptes de la réforme de saint Jean de la Croix, le poète mystique, auteur des Cantiques spirituels !
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