Depuis Charles Darwin et son célèbre ouvrage De l'origine des espoèces au moyen de la sélection naturelle, les biologistes s'accordent à penser que le but ultime des êtres vivants est de se reproduire pour dominer le monde. A en juger par l'affaire qui l'a envoyé derrière les barreaux, ce n'est pas le médecin américain Cecil Jocobson qui contredira cette théorie. En effet, ce brillant spécialiste de la fécondité a été reconnu coupable d'avoir "malhonnêtement procréé" ... soixante-quinze enfants dans les années 1970 et 1980. Durant cette période, auprès de ses patientes qui venaient le consulter pour une insémination artificielle, Jacobson n'employait qu'un seul et même donneur : lui-même. Constatant l'étrange ressemblance entre sa petite fille et le médecin, c'est une mère receveuse qui a mis au jour la supercherie et déposé une première plainte. L'insémination avec des paillettes de sperme congelé n'existant pas à l'époque, Jacobson devait parfois recourir à de véritables tours de prestidigitation pour parvenir à ses fins. Ainsi, lorsqu'une femme venait se faire inséminer avec le sperme de son propre mari, le médecin devait-il adroitement subtiliser le don de ce dernier pour le remplacer par un flacon identique contenant sa précieuse semence ! Aucune loi américaine n'interdisant explicitement aux médecins de se livrer à cette pratique, les dommages subis par les patientes ont été difficiles à estimer lors du procès. D'autant que, bien que de petites taille et enclins à l'embonpoint, les soixante-quinze enfants du docteur Jacobson sont tous en bonne santé. Les avocats des familles bernées ont néanmoins argué que, ayant transformé ses patientes en "donneuses d'ovules et mères porteuses", le médecin devait s'acquitter d'une pension alimentaire en faveur de chacun de ses descendants.