Il y a des gens qui ont parfois de drôles d’idées.. Voulant savoir lesquels de ses amis étaient vraiment attachés à lui et lesquels ne l’étaient pas, Amir Vehabovic, un Bosniaque de quarante-cinq ans, habitant la petite ville de Gradiska, n’a rien trouvé de mieux que de simuler sa propre mort. Il a dressé la liste des cinquante personnes qu’il estimait les plus proches de lui et il leur a envoyé un faire-part de décès, les conviant à son enterrement dans le cimetière de la ville. Il n’a pas osé jouer la comédie à sa mère et lui a avoué la supercherie. Il a eu, d’ailleurs, le plus grand mal à la convaincre de se rendre à la cérémonie, celle-ci estimant, non sans raison, qu’elle était du plus mauvais goût. A commencé alors, pour Amir Vehabovic, la partie la plus onéreuse de so entreprise : il a corrompu un employé de l’état-civil afin d’obtenir un faux certificat de décès et a engagé deux fossoyeurs pour le simulacre d’inhumation. Il lui a fallu, en outre, acheter un cercueil, qu’il a rempli de pierres. Enfin, le moment venu, il s’est caché derrière une haie de cyprès, pour savoir lesquels de ses amis méritaient vraiment ce nom. La réponse n’a pas tardé : à part sa mère et les fossoyeurs, il n’y avait personne ! Mortifié, Amir a écrit une lettre furieuse à tous ceux à qui il avait annoncé la fausse nouvelle. Mais loin de se montrer repentants, ceux-ci lui ont répondu d’une manière non moins furieuse pour lui dire ce qu’ils pensaient de sa plaisanterie. Aujourd’hui, Amir Vehabovic n’a plus d’amis.