Un tonique d'herbes à base de grande absinthe et de nombreuses plantes aromatiques telles que l'anis, le fenouil, la mélisse ou l'hysope avait été conçu en 1792 par le docteur Ordinaire comme remède populaire.
Cette préparation médicamenteuse acheté par des distilleries va peu à peu être consommée par plaisir et susciter vers la fin du XIXe siècle un engouement accompagné d'un rituel de dégustation qui exercera une véritable fascination sur le consommateur.
Nombre d'objets sont créés pour apprécier les subtilités de la boisson.
Le cérémonial demande du calme et de la concentration.
Le breuvage se sert dans un verre spécial comportant un repère pour la mesure d'alcool à respecter.
Pour masquer l'amertume de l'absinthe et développer tous les arômes, le sucre est le complément indispensable, placé sur une cuillère plate perforée qui elle-même repose sur le verre...
Opération délicate : verser un mince filet d'eau glacée sur le sucre qui se dissout lentement en "brouillant la verte" - la proportion idéale d'eau étant de cinq fois le volume d'alcool qui titrait plus de 70°.
Et quel plaisir pour les yeux, ces changements de couleurs !
Artistes et intellectuels vouent un véritable culte à la fée verte : Baudelaire, Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Verlaine et beaucoup d'autres sont de fervents consommateurs. Mais tandis que les distilleries se multiplient, on commence à s'insurger contre les "méfaits" de la boisson.
Des marchands malhonnêtes dénaturent la célèbre liqueur et s'associent - comble de l'ironie - à la ligue contre l'alcoolisme pour en demander l'interdiction, qu'ils obtiendont en 1915.
Au XXIe siècle, l'absinthe est autorisée à un degré d'alcool moindre au côyté d'autres boissons traditionnelles à base de plantes sous l'appellation de "boisson spiritueuse aux plantes d'absinthe".