Le 10 août 1901, Misses Moberly et Jourdain, deux respectables institutrices anglaises, âgées de cinquante-cinq et trente-huit ans, visitent le château de Versailles. Au fur et à mesure qu'elles s'éloignent, empruntant les allées du jardin, elles éprouvent l'étrange sensation de quitter le monde réel pour pénétrer dans une autre dimension. Bientôt, au détour d'un sentier, elles croisent deux jardiniers, vêtus à la mode du XVIIIe siècle. Puis, un homme en jabot les aborde et les prie instamment de se rendre au petit Trianon. Les femmes s'exécutent, comme guidées par une force surnaturelle. Peu après, elles aperçoivent une élégante fermière, qui ressemble à s'y méprendre à Marie-Antoinette, telle qu'elle était représentée sur des gravures d'époque. Nos deux Anglaises ont-elles remonté le temps à leur insu ? Le phénomène se renouvelle à six reprises jusqu'en 1955, et, curieusement, il implique exclusivement des sujets britanniques.
Si l'on se réfère à la théorie de la relativité d'Einstein, ces prodiges n'ont rien d'extraordinaire. Il suffisait, pour se retrouver à la cour de Louis XVI en 1901, de se poster quelque part dans l'espace, à une distance de 112 années-lumière de la Terre. Et d'avoir une bonne vue, car le petit Trianon aurait été éloigné de près de... 1 000 milliards de kilomètres !