Rue Jean-Goujon, à l'emplacement de l'église Notre-Dame de la Consolation, bâtie en souvenir du drame, s'élevait un vaste hangar en sapin, dans lequel, à la fin du XIXe siècle, les dames de la haute société donnaient une fête de bienfaisance annuelle, le "Bazar de la Charité".
En cette année 1897, la fête est particulièrement téussie. Vingt-deux échoppes de style médiéval en bois léger et carton-pâte ont été bâties à l'intérieur du hangar et, par-dessus, a été tendu un immense vélum. Le 3 mai, l'inauguration est un grand succès. Mais le lendemain, c'est mille cinq cents personnes qui s'écrasent, tout un monde aristocratique, marquises, duchesses et messieursz distingués, pour assister à un tout nouveau spectacle : le cinématographe.
L'opérateur est enfermé dans un réduit en toile goudronnée, avec une lampe à pétrole et une bonbonne d'éther nécessaire au fonctionnement de son appareil de projection. A 16 h 10, sa lampe s'étant éteinte, il craque une allumette pour la rallumer. Cela déclenche une terrible explosion.
La foule se bouscule pour sortir par les trop rares ouvertures. Mais le feu se propage à une vitesse foudroyante, dans ce hangar bourré de matériaux inflammables. Lorsque les pompiers se rendent maître du sinistre, ils relèvent cent vingt-cinq corps, dont ceux de cent vingt femmes. Or, les hommes étaient presque aussi nombreux dans l'assistance.
Le quotidien Le Journal écrit le lendemain : "Parmi les hommes, on en cite deux qui furent admirables et dis qui firent leur devoir. Le reste, non seulement détala en ne sauvant personne, mais se fraya un passage dans la chair féminine à coups de poings, de talon et de canne."