La Martyre, commune du Finistère au nom étrange et quelque peu inquiétant, tirerait son appellation de l'assassinat sur son sol d'un des premiers rois de Bretagne, au Ve ou IXe siècle selon les sources
L'incertitude demeure sur ce point, mais ce qui est sûr, c'est que les lieux sont placés sous le signe de la mort et que le principal attrait le La Martyre est son ossuaire.
Celui-ci s'étend derrière l'église. Le visiteur est accueilli par une cariatide fort gracieuse, représentée les mains dans le dos et dénudée jusqu'à la poitrine. Le bas du corps est entouré de bandelettes, ce qui fait penser à un suaire, mais évoque aussi les sirènes et les femmes serpents, nombreuses dans la mythologie bretonne
Un peu plus loin, un ange brandit une banderolle destinée à l'arrivant. On y lit en breton : "La mort, le jugement, l'enfer froid, quand l'homme y pense, il doit trembler. Il est fou celui qui n'y réfléchit pas."
La mention d'un enfer froid, en contradiction avec les Ecritures, est présente en plusieurs autres endroits de Bretagne Selon la légende, les Aanon, les âmes du purgatoire, ont toujours froid ; quand elles s'égarent sur terre et arrivent dans une maison, il faut leur proposer une place près de la cheminée...
Il n'y a rien de bien étonnant à cela. La religion chrétienne est d'origine méditerranéenne ; elle vient de pays où on redoute par-dessus tout la sécheresse et le feu. La Bretagne, au contraire, se rattache à la tradition celte et, pour les habitants de ces contrées, vivant une grande partie de l'année dans l'humidité et la brume, le pire malheur qui puisse arriver n'est pas le chaud mais le froid.