"L'aiguille d'Etretat est creuse ! Phénomène naturel ? Excavation produite par des cataclysmes, par l'effort de la mer qui bouillonne ou de la pluie qui s'infiltre ? Ou bien oeuvre humaine, exécutée par des Celtes, des Gaulois ou des hommes préhistoriques ? Questions insolubles sans doute." Telles sont les élucubrations de Maurice Leblanc, le fantaisiste de génie, le père d'Arsène Lupin.
Dans son roman L'Aiguille creuse, l'aiguille d'Etretat sert de cadre à une fabuleuse course, dans un décor fantastique, percé comme une cheminée de salles et plus en plus étroites. Et Maurice Leblanc ne se contente pas d'inventer ce délire géologique, il lui découvre des titres historiques, qui impressionnent le frivole lecteur de romans policiers. Ainsi, selon lui, peut-on lire dans La Guerre des Gaules que "le chef des Calètes fut mené devant César et que, pour sa rançon, il dévoila le secret de l'aiguille". On découvre aussi que Jeanne d'Arc dans son procès et Henri IV dans ses jurons font allusion à ce secret, qui explique aussi le Masque de fer, la mort de Louis XVI, et Waterloo. Bref, toute l'histoire de France ! Point n'est besoin aujourd'hui d'aller vérifier si l'aiguille d'Etretat est vraiment creuse. Mieux vaut croire sur parole, Maurice Leblanc, et relire les exploits de son gentleman-cambrioleur !