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 Le voleur habile

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Le voleur habile   Le voleur habile EmptyVen 9 Mar - 9:13

Comme bien souvent en ce monde, il y avait une mère qui avait un fils ; tous deux étaient pauvres, et quand le jeune homme fut devenu grand, il eut envie de quitter la maison pour voir s'il ne pourrait pas trouver une meilleure position. Sa mère le laissa partir, mais toutefois avec une grande répugnance.Il se mit en route, et après avoir traversé une terrible forêt, il arriva à une très belle maison. Il demanda si l'on avait pas besoin d'un domestique ; on lui répondit que oui, et lorsqu'il fut entré, on lui dit que ses maîtres avaient l'habitude de sortir la nuit pour voler les gens, et que parfois même ils les tuaient. On lui demanda s'il voulait se joindre à eux et il répondt qu'il le voulait bien. Au milieu de la nuit, il vit arriver le chef des voleurs et tous ses compagnons ; ils étaient chargés d'or et d'argent, et il resta longtemps avec eux.
Un jour le chef lui dit :
- A telle heure, un monsieur à cheval va passer par tel endroit ; il faut le voler, et s'il ne se laisse pas faire de bon gré, tu le tueras.
Notre garçon avait assez du métier, mais il répondit au chef qu'il irait à l'endroit désigné. Il s'y rendit pour attendre le voyageur, et, à la fin, il le vit arriver. Il se présenta devant lui, et cria :
- La bourse ou la vie !
Le monsieur lui donna sa bourse et tout l'argent qu'elle contenait, et il y en avait une grande quantité.

Alors le gaçon lui dit :
- Ce n'est pas assez, il faut que vous me donniez vos beaux habits et votre cheval.
Ils échangèrent leurs vêtements et le monsieur s'en alla bien content d'avoir eu la vie sauve, malgré qu'il fût couvert de vieux habits.
Au lieu de retourner à la maison des voleurs, que fit notre garçon ? Il monta à cheval, et, emportant tout son argent, il revint à la maison de sa mère. Chacun fut étonné de le voir revenir après avoir si promptement fait fortune. Il embrassa sa mère, et l'on peut juger de sa joie ! Il lui dit comment il était devenu riche, et comment cela lui était arrivé, loin, bien loin. Mais sa mère ne put s'empêcher d'en parler à ses voisines, et l'aventure finit par arriver jusqu'aux oreilles du maire ; celui-ci envoya son domestique prévenir le jeune garçon de venir à sa maison le lendemain sans faute.
Il partit laissant sa mèr en larmes, et elle lui conseilla d'avouer au maire comment il avait fait si promptement fortune. Il avoua au maire le métier qu'il avait fait, mais il lui dit que cela s'était passé dans un pays éloigné, et que jamais il n'avait tué personne. Le maire lui dit :
- Si vous ne volez pas cette nuit le plus beau cheval de mon écurie, je vous tuerai demain.
Le maire était très riche ; il avait beaucoup de domestiques et beaucoup de chevaux, et il y en avait trois qui étaient plus beaux et plus chers que les autres. Le garçon revint àla maison ; il consola sa mère et lui dit de lui donner les vieux vêtements qu'il portait autrefois. Il les mit sur les autres,prit un gros bâton et partit en route pour la maison du maire, marchant péniblement comme un vieillard.. Il frappa à la porte et damanda un asile pour la nuit ; un garçon vint lui dire :
- Nous ne pouvons cette nuit vous donner asile dans cette maison ; allez plus loin.
Mais il le supplia tellement, en disant qu'il ne savait où aller, et demandant par pitié un coin dans l'écurie, qu'on finit par le laisser entrer, et on lui donna une petite botte de paille pour qu'il pût coucher dessus.
Notre garçon entendait tout ce que els autres drisaient. Il y avait trois domestiques qui,jusqu'à minuit, devaient se tenir en selle sur les trois plus beaux chevaux, et à cette heure trois autres domestiques devaient venir les rempacer. Que fit notre garçon ?

Ils s'étaient endormis sur leur monture, et aussitôt qu'il entendit minuit, il vint toucher l'un d'eux et lui dit :
- Il est minuit va te coucher.
Le domestique s'en alla à moitié endormi, et les deux autres ronflaient sur leur cheval. Quant à lui, il enfourcha sa monture ; et il avait choisi la plus belle, ouvrit doucement la porte et s'enfuit au grand trot, sans regarder derrière lui. Il ne tarda pas à arriver à la maison, et sa mère eut bien de la joie en le revoyant.
Le lendemain, il alla vendre son cheval au marché. Quand le maire arriva à l'écurie, il vit que son plus beau cheval n'y était pas et que ses domestiques dormaient, les uns sur leur monture, l'autre dans son lit. Il se mit en colère, ne sachant comment tout cela avait pu se faire. Il envoya demander à la bonne femme où était son fils, et elle répondit qu'il était allé vendreun cheval. On lui dit que le maire voulait le voir tout de suite ; elle eut encore beaucoup de chagrin, et, lorsque son fils fut de retour, elle lui raconta ce qui s'était passé.
Le garçon alla trouver le maire qui lui dit :
- Quel homme vous êtes ! Vous avez gagné votre pari, mais si vous ne parvenez pas à voler cette nuit tout le pain qui est au four, il n'y a que la mort pour vous.
Le maire assembla tout le conseil municipal et tous ses amis, pensant qu'il s'amuserait avec eux tout en gardant le four. On fit des danses, de la musique, des jeux, des illuminations, tout cela devant le four. Que fit notre garçon ? Il prit un petit marteau et se glissa derrière le four : il y fit un trou, enleva tous les pains, les mit dans son panier et s'en alla.
Le lendemain, le maire se réjouissait en pensant que ses pains n'avaient pas été volés, parce que la gueule du four avait été bien gardée ; il envoya sa domestique chercher ses pains frais pour déjeuner ; mais lorsqu'elle ouvrit la gueule du four, elle vit le soleil qui brillait à l'autre bout. Jugez de son étonnement ! Le maire était d'une colère rouge ; il envoya chercher le garçon. Ses domestiques demandèrent à la bonne femme où étaient son fils : "A vendfre du pain !" répondit-elle.
Sa réponse fut rapportée au maire qui lui envoya dire de recommander à son fils de venir le trouver d_s qu'il serait de retour. La pauvre mère eut encore beaucoup de chagrin. Quand son fils revint, elle lui fit la commission et il alla chez le maire.
Celui-ci dit :
- Hier, vous avez gagné votre pari, mais tout n'est pas fini : il faudra que cette nuit vous enleviez les draps qui sont dans mon lit, ou votre mort est au bout.

Le garçon revint à la maison et avec ses vieux habits il fit un mannequin qui lui ressemblait, puis, à la nuit, il le porta auprès de la maison du maire. Le maire avait placé des gardes armés à toutes les portes et à toutes les fenêtres. Notre garçon mit son mannekin au bout d'un long bâton, et, au moyen d'une corde, il le hissa le long de la muraille, Quand les gardes virent un homem grimper le long du mur, auprès d'une fenêtre, ils firent feu, et ils se mirent tous à crier : "Hourra !"
A ce bruit le maire sortit de son lit, pensdant qu'on avait tué le voleur, et il voulut le voir. Notre garçon profita de ce moment pour entrer dans la maison, et il arriva au lit du amire en disant :
- Qu'il fait froid ! qu'il fait froid ! et il se mit au lit en tirant les draps de son côté ; quand il les eut tous, il dit à la dame en changeant sa voix :
- Il faut que j'aille le revoir, pour en être bien sûr, et pour savoir comment ils l'ont enterré.
La dame lui dit :
- Reste ici, tu reviendras encore mort de froid.
Mais il sortit ert s'échappa au plus vite qu'il put avec les draps.
Cependant les gardes se poussainet l'un l'autre et se battaient presque autour du mannequin. A la fin, ils rentrèrent à la maison presque hors d'haleine ; ils étaient joyeux et contents de ce que leur voleur était enfin par terre.
Quand le maire revint pour se coucher, sa femme lui dit :
- Maintenant, j'espère que tu vas rester sans aller et venir comme tu l'as fait ; tu m'as rendue toute froide.
- Moi ! je ne suis pas allé et venu.
- Si, si, tu étais justement ici il n'y a qu'un moment.
Il se mit au lit, et se tourna et retourna de tous côtés, mais sans pouvoir retrouver les draps. A la fin, impatienté, il alluma une chandelle, et vit qu'il n'y avait plus de draps dans le lit. Qu'on juge de leur chagrin ! Ils ne savaient pas comment cela s'était fait. La dame dit à son mari :
- Tu ferais bien de laisser cet homme tranquille ou il nous arrivera malheur.
Mais il ne voulut rien écouter et sortit. Dès qu'il fut jour, il envoya ses domestiques à la maison du voleur. Ils trouvèrent sa mère et lui demandèrent où était son fils :
- Il est allé vendre des draps de lit, répondit-elle.

- Dès qu'il sera de retour, lui dirent-ils, vous l'enverrez chez le maire.
Cette pauvre femme eut de nouveau un grand trouble parce qu'elle pensait qu'on finirait bien par venir à bout de son fils. Elle l'envoya chez le maire qui lui dit :
- Cette fois, tu ne m'échapperas pas ! Si tu ne voles pas tout l'argent de mon frère le prêtre, il n'y aura que la mort pour toi.
Le frère du maire était recteur de cette ville. Quand vint la nuit, notre garçon se glissa dans l'église et s'habilla dans les plus beaux ornements, ceux dont on se servait seulement pour les plus grands fêtes. Il alluma tous les cierges et toutes les lampes, et à minuit il se mit à sonner les cloches à toute volée - dilin don, dilin don, dilin don. Le recteur en toute hâte avec sa domestique pour voir ce qui se passait dans l'église. Ils virent sur le grand autel quelqu'un qui leur dit :
- Prosternez-vous, je suis le bon Dieu et je viens vous chercher. Vous allez mourir, mais auparavant il faut que vous apportiez ici tout l'argent et toutes les richesses qui sont dans votre maison.
Le prêtre sortit et apporta tout ce qu'il possédait. Le garçon le fit ensuite monter en haut de la tour et lui dit :
- Maintenant, vous allez au Purgatoire, mais ensuite vous entrerez au Paradis.
Il le mit dans un sac qu'il prit par un bout, et il le fit descendre le long des escaliers, où il se heurtait à chaque marche. Le prêtre criait : "Aïe ! aïe !" mais l'autre répondait :
- Ce n'est rien, bientôt vous serez au ciel.
Il le porta jusqu'au poulailler de son frère, où il le laissa. Au matin, la fille de basse-cour vint pour donner à manger à sa volaille : elle vit un sac, et, l'ayant touché, le sac remua. La fille courut bien vite dire à sa maîtresse ce qu'elle avait vu. Celle-ci vint, toucha le sac, et le sac remua encore. Elle eut peur et vint dire à son mari :
- Vous voyez que j'avais eu raison de vous dire de laisser cet homme tranquille. Maintenant que va-t-il nous arriver ? Qu'y a-t-il dans ce sac ?
Le monsieur envoya tout de suite quelqu'un chez le voleur. Il se trouvait justement à la maison, et on lui dit que le maire lui ordonnait de venir directement chez lui. On lui commanda d'ouvrir le sac. Il le toucha, et le sac fit un saut ; alors il dit qu'il ne voudrait pas l'ouvrir, même pour dix mille francs.
- Je vous donnerai dix mille francs.

- Non ! je ne le ferai pas même pour vingt mille !
- Je vous els donnerai.
- Non ! non ! non ! Pas même pour trente mille.
- Je vous donnerai trente mille francs.
- Non ! non ! non ! pas même pour quarante mille.
- Et pour cinquante mille ?
Il consentit alors à ouvrir le sac, et il en retira le prêtre, frère du maire, qu'il avait dépouillé jusqu'au dernier sou. Après avoir reçu ses cinquante mille francs, notre garçon revint chez lui et vécut riche avec sa mère ; et le maire alla demeurer avec son frère le prêtre, plus pauvre qu'il n'était autrefois. Et s'ils ont bien vécu, ils ont eu une bonne mort.

Wentworth Webster, Contes, récits et légendes des pays de France
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