Vers le milieu du XIXe siècle, toute l'Europe se passionne pour le spiritisme. Tables tournantes et esprits frappeurs envahissent les salons où se réunissent savants, poètes et curieux.
A Paris, le jeune Camille Flammarion, employé à l'Observatoire d'astronomie, cède à son tour à la curiosité. Le 15 octobre 1861, il assiste à une séance consacrée à la recherche d'un homme qui s'est mystérieusement volatilisé.
A l'aide du guéridon, le maître de cérémonie interroge l'esprit du disparu. Ce dernier affirme avoir été victime de bandits et signale l'endroit où ceux-ci ont caché son corps. On envoie aussitôt le procès-verbal de la séance aux gendarmes de Saône-et-Loire, qui retrouvent la dépouille à l'endroit indiqué. Flammarion exige ensuite que l'esprit soulève une table de soixante-quinze kilos et la garde en suspension. Lephénomène se produit et, pour démasquer un éventuel trucage, le futur savant monte sur le plateau. La table reste en l'air jusqu'à la fin de la séance.
Quelques années plus tôt, dans son exil de Jersey, Victor Hugo faisait déjà valser tables et guéridons. Mais l'auteur des Misérables ne pouvait pas se contenter de s'entretenir avec n'importe quelle ombre de l'au-delà. Il convoquait les personnages les plus considérables de l'histoire de l'humanité. Il prétendait ainsi s'entretenir en vers avec Shakespeare, parler théologie avec Luther et même converser agréablement avec le Christ ! Ce dernier aurait défini la doctrine divine comme "une porte de lumière avec une serrure de nuit". Pour la circonstance, Jésus avait abandonné la langue évangélique pour le lyrisme romantique !